1Tout disparaîtra est la dernière œuvre d’André Pieyre de Mandiargues, publiée en 1987, soit quatre ans avant sa mort. Cette phrase inscrite au frontispice de sa dernière œuvre s’avère protéiforme, déclinée et conjuguée dix-sept fois dans le récit. Elle est filée tout au long de la narration en jouant sur l’énonciation de la prédiction qui varie autour des auxiliaires et des temps. Du point de vue sémantique, le titre fait référence à la liquidation générale des soldes. Est-ce l’œuvre, l’écrivain, l’homme ou le monde entier qui est voué à la braderie finale, comme une interprétation apocalyptique du titre le laisserait supposer ? Les deux mots très définitifs du titre semblent se compléter dramatiquement. Cependant, une étude précise de ce syntagme peut mener à des interprétations assez contradictoires. D’une part, que désigne « tout » en tant que pronom sujet ? D’autre part, le sens du verbe « disparaître » peut orienter dans deux voies fort différentes ; il signifie : « ne plus être vu ou ne plus être visible », ce qui n’est pas irréversible et relève du jeu de passe-passe, mais aussi dans son sens du xviie siècle, il est dramatisé en « cesser d’être ou d’exister » et, dans ce sens, c’est le caractère irrémédiable de la mort qui est en jeu. Le temps du futur qui affecte le verbe prédit une réalisation ultérieure dans un avenir à plus ou moins long terme par rapport à l’instant présent, envisagé comme celui du moment réel de l’écrivain – 1986 –, moment de l’écriture ou moment d’un homme déjà âgé (78 ans) qui entrevoit sa mort ? Enfin, le futur peut aussi prendre une valeur secondaire de réponse à une injonction péremptoire… mais quel ordre et donné par qui ?
2Ainsi la pluralité des significations possibles entraîne-t-elle le lecteur dans une perplexité qui relève d’un jeu de dupes dans ses paradoxes. Le moment semble venu de mesurer la résonance du titre dans le récit et de s’interroger sur le sens profond de cette œuvre, à l’occasion du centième anniversaire de la naissance d’André Pieyre de Mandiargues, soit dix-huit ans après son décès et vingt-deux ans après l’écriture de ce dernier « récit ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire